L'ARCHIMANDRITE SERAPHIM DE RAKITNOÏE

BREVE BIOGRAPHIE

« Cet homme en vérité n'était «pas de ce monde ». Si on se souvient des paroles du Sauveur, dites à l'apôtre Nathanaël, « voici un Israélite en qui il n’y a point d'artifice », - elles s'appliquent pleinement au père Seraphim ». Archimandrite Kyrill (Pavlov)

L'archimandrite Seraphim (Tiapotchkine) naquit le 1/14 Août 1894, dans le district de la ville de Novii Dvor, dans le gouvernement de Varchavsk. Son père, le colonel en disponibilité Alexandre Ivanovitch Tiapotchkine, était responsable de la poste d'Ekaterinoslav (aujourd'hui Dniepropetrovsk). La mère de père Seraphim, Eléonore Alexandrovna, appartenait elle aussi à une famille aristocratique. A son baptême, les parents, orthodoxes très fidèles, appelèrent leur fils Dimitri, en l'honneur du saint et grand martyr Dimitri de Thessalonique. De cette famille nombreuse et unie, Dimitri était lui même le plus petit des enfants. Son frère le plus âgé, Constantin, servait dans le corps des cadets et fut fusillé en 1922 par les bolcheviques. Son deuxième frère, Alexandre, disparut aussi dans les années de la révolution. Deux soeurs, Maria et Helena, devinrent médecin, et la troisième - maîtresse de maison. Quant au plus petit, le Seigneur jugea qu'il devait devenir un Starets renommé; un intercesseur et un vrai serviteur de l'Eglise du Christ.

Dès la petite enfance, Dimitri fut porté à la vie spirituelle. Une fois, son père l'emmena avec lui à un office auquel prirent part les élèves d'un petit séminaire. Là, pour la première fois, surgit en lui le désir brûlant de devenir prêtre. Très remarquable fut aussi le fait suivant: pendant l'office, le petit Dimitri vit une icône qui le frappa et, dans un transport d'enthousiasme enfantin, il dit à son père qu'il voulait devenir pareil à ce Saint. Sur cette icône était représenté saint Seraphim de Sarov Très-semblable-au-Christ. Dimitri, depuis ce jour là, éprouva pour lui une vénération [toute] particulière.

Rapidement, il fut admis au petit séminaire. Ses études l'envoyèrent ensuite au séminaire de Cholmsk, que le futur archimandrite terminera brillamment, avec pour conséquence qu'il fut envoyé poursuivre son instruction à l'Académie spirituelle de Moscou. Là il étudiera seulement un an, l'académie ayant été fermée en 1918. Pendant la période de ses études à l'académie, Dimitri eu le bonheur de voir et d'entendre d'éminents hiérarques et célébrants de I'Eglise orthodoxe russe, tels que le métropolite Antoine (Khrapovitski), l'évêque Théodore (Pozdeotsaievski), l'archimandrite Hilarion (Troïtski), par la suite archevêque de Kroutitskii, le père Paul Fiorenskii, et d'autres encore. Le saint hiérarque et patriarche de Moscou et de toutes les Russies, Tikhon, de la même manière, visita l'académie et célébra un office dans l'église. Le contact avec de telles personnalités, sans aucun doute, prépara Dimitri à son grand service futur.

En 1920, à Ekaterinoslav, Dimitri fut ordonné à la prêtrise par l'évêque Evlampi. Sa femme était un professeur du nom d'Antonine. Il vécut 13 ans avec elle. En 1933, père Dimitri devint veuf: son épouse mourut de tuberculose. De leurs cinq enfants, survécurent trois filles.
De 1921 à 1936, Père Dimitri fut le prêtre-inspecteur des églises de la région de Soloniansk. Ce furent les années redoutables du déchaînement du pouvoir athée, lorsque les choses saintes furent universellement profanées, les églises détruites, lorsque clercs et laïques furent persécutés et exterminés. Père Dimitri était au coeur même de ces évènements. Il combattit activement les rénovateurs et les schismatiques, détachés de la pure Orthodoxie. Les persécuteurs de l'Eglise ne pouvaient pas ne pas remarquer ce pasteur tellement aimé du peuple. Il fut arrêté en 1941 et condamné à 10 ans de privation de liberté. Après l'expiration de cette période, à la question du juge qui lui demandait quelle occupation il aurait en liberté, père Dimitri répondit: «A quoi vais-je bien m'occuper- Mais à servir Dieu et le peuple ! » La réponse suivit: «Eh bien, alors! Reste encore ! » Et Batiouchka fut envoyé en déportation à Igark pour une durée de cinq ans. On sait bien que c'est Dieu seul qui permit l'épreuve de ces années. Mais là aussi, dans la servitude, il demeura un fidèle serviteur du Christ. La vie des camps, avec ses horreurs et ses privations, non seulement ne le brisa pas, mais lui apprit la compassion et l'amour véritables. Il ne perdit pas l'esprit et, plongé dans la prière ininterrompue, il aida autant qu'il le pouvait ceux qui étaient près de lui. Il suffit de lire ses courtes lettres de félicitations à ses enfants spirituels, qui le soutenaient maternellement autant qu'il était alors possible, pour voir clairement quelle humilité et quel amour possédait le père Dimitri.

« Anne, ma fille bien aimée dans le Seigneur, et tous ceux qui sont avec elle et tous mes chers enfants, je vous salue pour la fête de la Nativité du Christ, de la Circoncision et du Baptême du Seigneur, de même que pour la nouvelle année 1951! Je souhaite avec prières, pour chacun, le renouvellement de sa vie, et je demande que le Seigneur la prolonge pour de longues années. Je souhaite que les saints jours de la Fête soient conduits dans la joie de l'âme et la santé du corps, et que chacun conduise ainsi sa manière de vivre (en général). Je demande qu'on prie aussi pour moi, je demande l'amour et le pardon. Que le Seigneur miséricordieux et Sa Très Pure Mère avec les Saints nous gardent! Je vous bénis et je vous embrasse. Votre pasteur qui vous aime et qui prie sans cesse pour vous, Père Dimitri. »

Voici encore une des lettres de père Seraphim à ses enfants spirituels où résonne humblement la voix d'un Batiouchka confesseur, rempli d'amour. «Je me perfectionne (1). Et encore le Golgotha, et encore la Croix. Ma chère fille, mon inoubliable Mavra! (1) Ou bien au sens slavon de coaepumu « affermir », «remettre en ordre », « restaurer» (Cf. Psaume, 16,, 5, par exemple) : «Je me redresse », c'est-à-dire «je réforme ce qu'il y a encore à réformer ». Mon âme souffre jusqu'à la mort. Me souvenant de l'agonie du Sauveur Christ à Gethsémani, je trouve la consolation de mon âme souffrante. Je souffre, je souffre affreusement, je souffre pour moi-même, je souffre pour mon troupeau, je souffre pour mes enfants spirituels, je souffre pour ceux qui m'aiment, qui se souviennent de moi et qui attendent maintenant mon retour. Mais que s'accomplisse ce pour quoi j'ai prié le Seigneur: que s'éloigne de moi cette coupe.

Voici le récit de ma souffrance. Au mois de Février, je suis parti de Kansk pour Balchat. T'écrire, ma fille fidèle, je n'en avais pas la possibilité. Le Grand Jeudi, mon combat douloureux a pris fin. Je brûlais du désir de revenir à la place qui est la mienne, du désir de voir mes parents, amis et proches; mais, hélas, j'ai reçu une affectation dans les parages de Krasnoïarsk. Après un chemin long et fatiguant, je suis arrivé dans un lieu retiré et calme, sur la rive lointaine de 1 'Enicée. Ici, je suis obligé de travailler de toutes mes forces pour me nourrir et me vêtir. Ma vieillesse ne s'accommode pas d'une telle vie. Outre cela, à présent; je suis sans ressources. L'hiver sévère et prolongé s'approche. Que Ta volonté soit faite!

Je crois que le Seigneur est partout et toujours avec moi, Son célébrant. Je crois qu'Il ne me laisse pas. En espérant que, dans Son amour qui n'abandonne personne, vous non plus vous ne m'oublierez pas, votre pasteur, qui donne sa vie pour ses brebis. Toutefois je crains de vous être à charge, mes chers enfants. Pardonnez et ne jugez pas, mon enfant bien-aimée, Mavra! De même que l’ Apôtre Paul dans la tribulation avait son disciple - l'Apôtre Timothée, de même moi - c'est toi, que j'ai .Rendez moi visite, mes bienfaiteurs, mes enfants spirituels, lisez cette lettre ensemble, répandez des larmes de prière pour moi et donnez votre réponse pour l'apaisement de ma souffrance. Que le Seigneur miséricordieux et Sa Très Pure Mère avec les Saints nous gardent! Je vous demande de prier très assidûment les Saints et je vous demande pardon. Toujours vôtre, votre intercesseur perpétuel, votre pasteur qui souffre, Père Dimitri »., Vraiment cette missive a la puissance des missives apostoliques: en la lisant, involontairement, on pense qu'elle a été écrite soit dans les premiers soit dans les derniers temps...

Un jour, un fait remarquable s'est passé avec Père Seraphim. Dans l'une des églises de la ville de Kansk, il eut le bonheur de célébrer pour Pâques. «J'ai rêvé qu'aujourd'hui nous célébrions la liturgie à trois, - lui dit le recteur - bien qu'habituellement nous soyons deux prêtres à célébrer dans l'église ». Il demanda à Père Dimitri de revêtir les ornements sacerdotaux et de se joindre à eux pour célébrer. En ce souvenant de cet évènement, Père Seraphim s'étonnait de la miséricorde de Dieu qui ne l'avait pas abandonné cette dure année.

Une fois, au début du printemps, on transporta les détenus d'un camp dans un autre. Le remorqueur tirait la péniche avec les prisonniers. Lors d'un arrêt au cours du voyage, les prisonniers débarquèrent sur la rive par groupes. On se dispersa et, dans cet endroit inconnu de la taïga, Père Dimitri se perdit. Le jour entier, il ne put retrouver la route du camp. Le soir arriva, le jour tomba et ce fut la nuit. Il y avait de la neige et il faisait froid, de la rivière montait l'humidité. Les loups hurlaient. Et plus de force. «Transi de froid, tout à fait affaibli, une fois la douleur surmontée, je me mis sur les genoux et, avec une foi profonde, je priai le Seigneur, la Souveraine, le hiérarque Nicolas, - mes secours célestes. Je ne sais pas moi même combien de temps dura ma prière ni comment je me retrouvais à dix pas des autres, qui étaient assis autour d'un feu, à l'intérieur du camp. ». C'est ainsi que le Seigneur sauva cette fois Son élu.

Après sa libération, Père Dimitri revint à Dniepropetrovsk et fut quelques mois recteur d'une paroisse. Vite, les paroissiens connurent et aimèrent la disposition pieuse et ascétique du pasteur. Mais cela ne pouvait aucunement plaire au pouvoir, et Père Dimitri, fut chassé de l'évêché. Voici quel en fut le prétexte. Le jour de la mémoire de saint Jean, Précurseur du Seigneur, il prononça un sermon qui provoqua chez beaucoup des larmes de repentance et d'attendrissement. Dans ce sermon, il y avait des paroles telles que celles-ci: «Et maintenant, déjà, la hache est suspendue sur le monde. » Le délégué d'alors aux affaires religieuses convoqua Père Dimitri et lui dit: «Pour vous, dans mon évêché, il n'y a pas de place.»

Père Dimitri vint au Patriarcat où il rencontra l'évêque de Koursk et de Belgorod, Léonide, qui l'invita à célébrer dans son éparchie. Alors, enfin, se réalisa le rêve secret de la jeunesse de Père Dimitri. De monseigneur Léonide, il reçut la tonsure sous le nom de Seraphim, en l'honneur de saint Seraphim de Sarov Très-semblable-au-Christ, qu'il admirait beaucoup depuis l'enfance. La tonsure elle-même fut accomplie à Koursk, dans la cathédrale de saint Serge et Notre Dame de Kazan, construite par les parents du Très-semblable-au-Christ. La bénédiction pour la tonsure, Père Dimitri la reçut à l'ermitage de Glinsk, du célèbre starets, maintenant défunt - l'archimandrite Andronic (Lukach) qui, en son temps, comme Batiouchka, avait été envoyé à la Kolima et avait subi toutes les épreuves possibles de la vie des camps.

En Octobre 1961, Père Seraphim commença son service à l'église de saint Nicolas au bourg de Rakitnoïe. Dès les premiers jours, sa présence dans ce nouvel endroit attira à lui, depuis Dniepropetrovsk et d'autres villes, un très grand nombre d'admirateurs et d'enfants spirituels dont le nombre croissait sans cesse. Là, pleinement, se dévoilèrent les dons de la grâce: celui de sage maître-starets, celui d'intercesseur perpétuel et brûlant pour son troupeau et celui d'un humble pasteur « qui donne sa vie pour ses brebis ». L'amour qui remplissait son coeur embrassait tous les hommes, et chacun, quel qu'il soit, qui entrait en contact avec lui, le ressentait pour lui-même. Il y avait la piété incomparable avec laquelle était célébré l'office, les sermons d'une profondeur et d'une force de coeur unique, pendant lesquels pleuraient tant Père Seraphim que toute l'église, et il y avait les guérisons, par ses saintes prières. Mais, plus que tout, c'est de son amour pour tous qu'on se souvient, infini et tout miséricordieux. Involontairement, reviennent à la mémoire les paroles de saint Cassien le Romain: «Le sommet de la sainteté et de la perfection ne consiste pas dans l'accomplissement des miracles, mais dans la pureté de l'amour. Et cela est juste : les miracles nécessaires cessent et disparaissent, mais l'amour demeure éternellement. »

Cet amour du Christ donnait à Père Seraphim la liberté de voir à travers tout homme de part en part - ses besoins, ses souffrances et ses péchés - et de lui communiquer la clarté maximum et des conseils qui sauvent. Si un homme trouvait en lui-même la force et le courage de suivre ces conseils, ses affaires commençaient à se rétablir presque sur le champ. Il est possible d'énumérer des dizaines et des centaines de cas et de témoignages: par les prières de Père Seraphim, ou bien de son vivant ou bien après sa mort, les gens se sont trouvés eux-mêmes de nouveau relevés des cendres, guéris parfois aux yeux de tous, parfois après un mois ou, peut-être, une année. Beaucoup de circonstances insolubles, semble-t-il, trouvèrent facilement et simplement une solution avec le concours de la prière de Père Seraphim.

Une fois, vint de Voronège une toute jeune fille. Elle était absolument désespérée : une infirmité de l'âme l'avait frappée subitement et voila déjà huit mois qu'elle ne s'était pas présentée au travail. Personne ne pouvait l'aider parmi ceux à qui elle s'adressait. Au moment de l'office, elle se mit crier, avec une voix qui n'était pas la sienne, secouée et projetée de divers côtés. Batiouchka s'approcha d'elle et dit en posant sa main sur sa tête: «Je suis très faible, petite enfant, mais je m'efforce de t'aider. » Après que Père Seraphim eu prié pour elle pendant la Liturgie puis l'eut ensuite ointe d'huile, elle trouva le repos et, revenue à la maison, elle reprit le travail: du premier coup. Depuis, passèrent quelques années, et elle revint prier à Rakitnoïe, où elle raconta cet épisode de sa vie au recteur de l'église. Beaucoup de malades vivaient des mois entiers dans la cours de l'église. Le sommeil venait les chercher soit sur des bûches dans la cave, soit au dépôt sur le charbon, mais la soif de guérison ou de consolidation spirituelle était grande. Pour qu'ils se relèvent sur leurs pieds, il fallait des mois pour les uns, pour d'autres, des années, - auprès de ce luminaire de la foi qu'était Père Seraphim. Beaucoup, sur sa bénédiction, devenaient diacres ou prêtres. Il arrivait que des évêques recourent à ses conseils et certains étaient ses enfants spirituels.

On peut dire que Rakitnoïe devint, pendant que Père Seraphim y célébrait, une des sources spirituelles les plus célèbres à laquelle beaucoup recouraient, assoiffés de justice et d'amour. Le repas de chaque jour était long chez Père Seraphim: là étaient résolues beaucoup de questions et, souvent se décidaient les destinées humaines. Personne ne quittait la table affamé - tant spirituellement que corporellement. En général, Père Seraphim ne touchait qu'à peine la nourriture. Sa principale nourriture était, déjà à ce moment là, la prière, multipliée par l'amour efficace pour Dieu et pour toutes ses créatures. Il remplissait la tâche dont le Créateur l'avait chargé : devenir semblable au Christ, compatissant et miséricordieux pour le troupeau à lui confié, portant sur lui ses infirmités et ses péchés. Jusqu'à son dernier soupir, Père Seraphim porta sur lui la croix voulue par son Seigneur et, en 1982, le premier jour de la Semaine Radieuse, il partit vers Celui Qu'il désirait et vers Lequel il avait tendu toute sa vie.

De même que pendant la vie de Père Seraphim l'église de saint Nicolas n'était jamais vide mais remplie de ses admirateurs, de même aussi maintenant, affluent sur sa tombe, en flots continuels, tous ceux qui ont besoin de sa prière. Ils viennent de toutes les extrémités de la Russie - aussi bien ceux qui n’eurent le bonheur de connaître et de voir Batiouchka, que ceux qui ne l'ont jamais vu, mais qui ont soif cependant de se fortifier spirituellement dans notre siècle méchant et malin. Ce flot ininterrompu, qui chaque jour augmente visiblement, semble un témoignage incontestable de la sainteté (2) de Père Seraphim, une confirmation pour nous qui aujourd'hui avons besoin de sa prière, qui avons confiance en lui et désirons un contact spirituel avec Batiouchka, comme avec un intercesseur plein de grâce entre Dieu et nous.

Il existe encore un témoignage, d'un prêtre, pasteur de l'Eglise du Christ. Il s'agit d'un rêve. Les saints Pères nous avertissent à cet égard, par leur attitude prudente envers les visions survenues dans le sommeil ; c'est pourquoi, que le pieux lecteur décide pour lui-même dans quelle mesure il est possible d'ajouter foi à ce témoignage ! «Je ne sais pas qui, mais on me pousse par derrière vers la porte et l'on m'invite à enter dans la chambre. Je marche et je vois: il y a une table au milieu de la chambre et Père Seraphim est allongé dessus, en vêtements sacerdotaux. Avant d'approcher, je me souviens, j'ai pensé: comment embrasserai-je Batiouchka- A coup sûr, il sent mauvais, à cause de la décomposition. Mais alors, je me décide - ça m'est égal, j'y vais. Je m'approche. Dans la queue, il ne reste devant moi qu'une personne. Et soudain je vois, il y eut un mouvement dans l'air, et Batiouchka, appuyé sur le coude droit, converse avec cette personne. Je me souviens seulement qu'il parlait avec elle de l'empereur Nicolas II. Ce qu'ils disaient précisément - je ne m'en souviens pas parfaitement. Et voila, moi je m'approche. Je ne sais pas pourquoi, je dis à Père Seraphim: «Batiouchka, c'est que, moi, je célèbre très mal ». Mais lui, avec douceur, il touche de sa main mon épaule et dit: «Non, non.» Je continue. «Batiouchka, je suis un si grand pécheur! » Et lui, à nouveau: «Non, non! » Mais le regard tellement enfantin, pur et plein d'amour, indescriptible et inexplicable. Et alors même, soudain, je sens physiquement un parfum embaumé qui émane de Père Seraphim. C'était comme une réponse à la pensée de peu de foi qui m'avait visité au début.»
Plusieurs pèlerins, au nombre desquels des membres du clergé, ont parfois senti un parfum qui se dégage de la tombe...

Une fois, vinrent des prêtres de Belgorod. Allant vers la tombe, ils entendirent le son d'une cloche. « Mais quoi, Batiouchka, y a-t-il un office aujourd'hui chez vous-- demandèrent-ils au recteur. «Non, aujourd'hui nous ne célébrons pas », - répondit-il. En revenant en silence, ils échangeaient entre eux des coups d'oeil. Vraisemblablement, le son n'avait retenti aujourd'hui que pour eux.

A un degré suprême, la vie pieuse de Père Seraphim, sa tempérance et la pureté de son coeur, acquises à travers une vie de confesseur en Christ et avec le Christ, son authentique humilité et son amour sans limite, sa voie de batiouchka-starets assignée par Dieu, l'efficacité de sa prière, tant de son vivant qu'après son départ vers le Père, nous donne le droit de croire qu'il possède l'audace confiante auprès du Seigneur, la liberté de le prier pour notre santé et notre salut devant le Trône de Dieu, avec tous les Saints qui resplendirent sur la terre russe.

Amen.

retourRetour