LA FONDATION DE LA PAROISSE DES TROIS SAINTS HIÉRARQUES :
les fondements théologiques et spirituels du retour à l’Icône.
La guerre
Avant la guerre, obligé de travailler, Ouspensky ne pouvait se consacrer à la peinture des icônes. Lorsqu’il fut réquisitionné pour le travail obligatoire, le fameux S.T.O.(101), il entra dans la clandestinité pour s’y soustraire et, accusé de désertion, vécut caché chez lui. C’est à cette occasion qu’il se consacra totalement aux icônes. A la libération, en 1944, il commença l’enseignement qu’il poursuivit toute sa vie, d’abord chez lui, puis plus tard à l’atelier de la Paroisse, rue Pétel.
Kyrill Schevitch avait décidé depuis longtemps de devenir moine mais il avait accédé au désir de sa mère et promis d’attendre sa mort pour le faire. Juste avant la guerre, à la fin du mois d’Août 1939, en compagnie de Léon Zander et d’Alexis Kniazeff, il fit un pèlerinage à pieds jusqu’à la grotte de Sainte Geneviève, à Sainte-Geneviève-des-bois. Le lendemain il était arrêté par les Français, à cause du Pacte germano-soviétique, sans doute pour ses activités au sein des « Mladorossi (102)», et fut transféré au camp de Vernet dans les Pyrénées. Il fut arrêté une deuxième fois, par les Allemands cette fois, à la rupture du Pacte, en Juin 1941, et interné à Compiègne. Il y serait mort sans l’intervention d’une amie de sa mère qui connaissait Laval. Revenu à Paris à l’automne, sachant que la mort était possible à tout moment, il décida de ne plus attendre et devint moine (103) à la paroisse de la Sainte Trinité. C’est alors qu’il commença à s’occuper du père Grégoire.
Après les années de vie intense et de souffrance qui avaient précédé la guerre, Georges Krug tomba malade et fut interné à la Salpetrière. Le père Serge venait le voir tous les jours. Le médecin qui l’avait en charge s’aperçut vite qu’il ne s’agissait pas d’un problème psychique (104). Aussi le confia-t-il au père Serge, dès que ce dernier eut la possibilité de le prendre avec lui. Le père Serge consacra exclusivement le novice à la peinture des icônes et au chant liturgique. C’est avec ce traitement que le père Serge non seulement le guérit de sa maladie mais permit en lui le développement d’un des plus grands talents d’iconographe de toute l’histoire de l’Eglise.
Le père Serge fut ordonné prêtre en 1945, rue Daru, le jour de la Saint Alexandre Nevsky, lors de la Liturgie célébrée par les métropolites Euloge et Nicolas Kroutitsy réunis, qui consacrait le retour à l’unité de tous les Russes de l’émigration dans l’unité de l’Eglise Patriarcale.
101) Le loi du gouvernement Laval du 16 Février 1943 établissait le Service du Travail Obligatoire : tous les jeunes en âge de travailler étaient obligés d'aller travailler en Allemagne, " pour relever les prisonniers français. "102) C'est-à-dire : " Les Jeunes Russes ", mouvement politique né dans l'émigration qui cherchait à concilier la monarchie avec l'aspiration révolutionnaire à la liberté et à la justice. Voir à ce sujet, sur leur leader Alexandre Kazem-Beg, le livre récemment publié de Mireille Massip, La vérité est fille du temps, 1999, Genève.
103) Le 18 Novembre 1941, selon J.C.Larchet, Saint Silouane de l'Athos, Cerf, Paris, 2001, dans la longue note, consacrée à la biographie du père Serge (n°9, p.397-398).
104) Cf. Catherine Aslanoff, " Le père Grégoire Krug : des ténèbres à la lumière ", conférence donnée à l'occasion du colloque consacré au 30ième anniversaire de la mort du père Grégoire, à Paris, en 1999, et publiée dans " Un peintre d'Icône; le père Grégoire Krug ", Paris, IES, 2001, p. 35-40.
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