Monseigneur Séraphim Rodionov

Né en 1905 à Moscou dans une famille de la noblesse cosaque du Don, Mgr Sérafim recevra l'éducation raffinée de son milieu. Entouré d'affection, élevé parmi les peintres et les écrivains, il vivra une rupture terrible lors de la Révolution. Comme tous ses contemporains, il est plongé soudainement dans la barbarie et le déni de justice comme d'humanité.

Dans la bohème parisienne où il s'épanouit au sens du monde, il va être saisi par l'appel du Saint-Esprit. Renonçant à tout, il suivra, non sans grandes souffrances, le chemin de résurrection indiqué par son père spirituel, saint Silouane de l'Athos. En 1939, il prononce ses voeux monastiques et est ordonné prêtre.

La tourmente de la IIe Guerre mondiale déjà s'annonce. Engagé volontaire dans les sanitaires de l'armée française, il vit la débâcle et relèvera plus tard la profonde paix qui accompagnait les soldats à l'instant de la mort. Toujours le visage du Christ Ressuscité est présent. Durant l'occupation, c'est une vie liturgique intense, fervente et fidèle qui soutient la petite communauté monastique et paroissiale de la rue Pétel à Paris.

Enfin, la tuberculose lui évite la déportation en Allemagne et l'envoie à Davos. Se rétablissant miraculeusement, il devient, et ce durant presque cinquante ans, Recteur de la paroisse de la Résurrection de Zürich. Prêchant sans relâche l'Evangile d’amour du Christ, il sera un des pionniers du mouvement oecuménique. Fondant dans les années 50 la paroisse de Genève, il vivra une véritable vie "d'apôtre" se faisant tout à tous. En 1971 le Patriarche Pimen de Moscou l'élève à l'épiscopat et le charge de l'administration de la Suisse et de l'Italie. En 1989, il devient archevêque. En 1992, dans son grand âge, il trouve la force de fonder la paroisse de Payerne.

La vie du Ressuscité rayonnait de sa personne. Se demandant pourquoi le Seigneur le gardait si longtemps en vie, il comprit qu'il fallait créer un lieu où serait cultivée la vie spirituelle en Christ, où l'on chercherait à approfondir la quête incessante du Saint-Esprit. Fin 1994, il se jette encore avec ses dernières forces dans l'établissement du monastère de la Trinité de Dompierre.

C'est là qu'il s'éteint fin 1997 entouré de ses enfants spirituels. Enseveli le jour de saint Nicolas, il repose tout près du monastère. Ce fut vraiment un jour digne de Pâques. Tous ceux qui l'ont connu, l'ont côtoyé, ont senti sa forte personnalité tournée vers la résurrection, toujours entière, toujours prête à aimer. Il reste présent, veillant sur ses enfants.

DE MON CHEMIN SPIRITUEL

J'éprouve le besoin de vous raconter comment je suis venu à la Foi, il y a de cela 50 ans, c'est-à-dire voilà déjà un demi-siècle avant que je ne me décide à écrire cette lettre.

J'avais 20 ans lorsque, jeune peintre à Paris, je me rendis à Mostar une ravissante ville yougoslave, auprès de mon père que je n'avais pratiquement pas revu depuis mon enfance. Il était militaire et la première guerre mondiale, puis la guerre civile nous avaient séparés.

Là, nous avons pris le temps de faire vraiment connaissance Une de ses premières questions fut : "Crois-tu en Dieu ?" - "Je ne sais trop, vraisemblablement pas, ai-je répondu. Mais si j'ai l'occasion de Le voir, alors je croirais".

Mon père louait deux pièces dans une petite maison de la banlieue. Je me suis installé dans l'une d'elles. Un jour, alors que je lui posais à propos de l’Evangile une question qui témoignait de ma parfaite méconnaissance du texte, mon père me demanda : "Et quand donc as-tu lu l'Evangile" - Je me pris à réfléchir et répondis que cela ne m'était sans doute jamais arrivé, sinon peut-être au gymnase, au cours d'éducation religieuse. "Dis-moi, Volodia, me dit-il, tu as pourtant beaucoup lu ! Platon, Kant, Descartes, Pascal, les classiques du monde entier. Tu as étudié les sciences exactes à l'université. Tu t'es plongé dans les arts. Et le livre qui est le plus lu et le plus connu dans le monde, toi tu ne l'as jamais lu ! Alors que ce livre est la relation authentique de l'extraordinaire personnalité du Dieu-homme, Jésus-Christ, de Sa vie et de Ses miracles" ! Mon père avait raison et je me mis à lire l'Evangile. Et après des années d'indifférence spirituelle, j'ai recommencé à dire le "Notre Père", le soir, ne sachant au juste si je m'adressais à une personne précise ou à un être qui n'existe pas.

Les passages de l'Evangile qui me touchaient le plus et me laissaient une impression profonde, claire et apaisante sont : l'Annonciation, le Sermon sur la Montagne et la Sainte Cène selon Saint-Jean. Je les relisais souvent. L'humilité, l'amour jusqu'au sacrifice, la charité du Seigneur touchaient profondément mon âme et je gardais dans mon coeur les paroles des récits évangéliques. Tandis que je restais passer l'hiver dans la petite maison de Mosta, j’ai eu deux songes.

Voici le premier. Je suis assis dans une pièce vide et à travers la vaste fenêtre une plaine immense, absolument déserte s'étend à l'infini. Une profonde tristesse étreint mon âme. Bien que je ne le vois pas, je sais que dehors les soldats sont en train de lier le Christ pour l'emmener. Et je suis dans l'incapacité la plus totale d'intervenir. Les soldats entraînent le Christ lié et s'éloignent avec Lui sur la plaine. Il est tout blanc, tandis que le ciel, la plaine, les soldats, la pièce où je suis assis sont gris. L'angoisse m'étreint de plus en plus et au désespoir, je crie dans la pièce voisine où sont rassemblées quelques personnes : "On L'emmène" ! Entre ma soeur aînée (qui en fait n'a jamais existé). « Que t'arrive-t-il - Qui emmène-t-on - Qui cela- - Mais le Christ ! » Elle regarde, ne voit rien, me considère avec inquiétude et étonnement, puis s'en va, disparaît Le Seigneur, tout blanc, s'éloigne vers l'infini de l'horizon, avec les gardes de chaque côté et lorsqu'Il disparaît presque derrière la ligne où le ciel se confond avec la terre, je m'éveille. Voici le second songe. Il y a beaucoup de monde dans la pièce. On se sent à l'étroit au milieu de bruyantes discussions. D'aucuns prétendent que le Christ était un professeur de morale: d'autres, qu'Il était un philosophe. D'autres encore disent qu’Il n'a pas accompli de miracles et que de toute façon, Sa valeur et Sa personnalité ont été fortement amplifiées par des siècles de culte. Pour finir, presque tous se mettent d'accord sur le fait qu'Il n'a vraisemblablement jamais existé et que, pour cette raison, Son enseignement n'a aucun sens ni aucun fondement Certains gardent le silence. Je suis très triste et tourmenté par l'état d'âme de ces gens. Ma soeur aînée (encore une fois, qui n'a jamais existé) m'observe, agitée et inquiète. Je ne me contiens plus et crie :"Il est le Sauveur du monde" ! Silencieux, tous se retournent vers moi et s'aperçoivent de ma présence. Au-dessus de nous, au plafond, au-delà même, Il est là. Je m'éveille.

Ces songes m'incitaient à me demander si j'étais devenu croyant. Je ressentais un heureux étonnement. A travers les Evangiles, je me mis à aimer l'image du Seigneur, j'essayais de Le comprendre et parfois, je priais.

Un matin, c'était le 21 février 1926, le croate, propriétaire de la petite maison dont mon père (absent depuis plus de trois mois) louait deux pièces, m'a apporté mon petit déjeuner. Je n'y ai pas touché mais me suis mis à prier. Puis j'ai ouvert l'Evangile et commencé à lire lentement en méditant. Et là, il m'est arrivé quelque chose d'extraordinaire, mais je ne fus même pas surpris tant je me suis senti bien !

L'archange Gabriel se tenait entre la porte et moi. Il était merveilleux, presque diaphane. Ses vêtements offraient des reflets rouges et mauves. Lui-même et son nimbe resplendissaient de multiples couleurs. Il était tout de lumière. Tout en lui était d'une telle douceur, d'une telle harmonie, d'une telle paix, que ni sa présence, ni la douce lumière qui émanait de lui ne troublaient, mais tout au contraire, apportaient un particulier apaisement.

Et l'Esprit-Saint Lui-même est descendu. Il est entré en moi et le monde entier s'est transfiguré dans une lumière paisible pénétrant tout indiciblement. L'image de l'Archange s'est dissoute, a fondu en Lui. La beauté, la paix, l'amour remplissaient souverainement le monde visible et invisible qui était devenu transparent dans un rayonnement céleste, saint, inexprimable.

Trois jours durant, je n'ai ni mangé, ni bu, ni dormi tant mon bonheur était absolu. Aucune parole ne saurait exprimer la béatitude de ces trois jours et de ces trois nuits. Seul celui qui a vécu quelque chose de semblable peut comprendre.

Le Consolateur répondait à mes questions. Il m'initiait au contenu mystique de l'Evangile. Et la joie céleste que je ressentais m'emplissait du désir de consacrer ma vie entière au Christ, sans aucune réserve. Je recevais le Don divin pour la vie entière. L'Esprit Saint m'emplissait, dans la plénitude de mon existence, de la pensée, de mon action. Il parlait à mon âme, parfois sans paroles mais plus clairement qu'en paroles, mais parfois aussi en paroles, avec des mots clairs, paisibles comme une musique céleste. Il me faut rentrer à Paris et me consacrer au rapprochement de tous les chrétiens et de tous les peuples. Toute la nature vit en Lui, dans Sa gloire, la Transfiguration la rend splendide. Il me faut assister aux fêtes célébrées en l'honneur de Sainte Jeanne d'Arc pour mieux comprendre la voie spirituelle de la France dans le monde.

Le Consolateur m'a révélé que je deviendrais moine, m'a montré la beauté spirituelle de la vie monastique dans l'humilité et l’obéissance. Jusqu'à présent je n'avais jamais pensé au célibat, je le concevais mal et le considérais même comme étrange étant donné que, lorsque je vivais à Paris, je souhaitais avoir femme et enfants. Je rêvais d'une vie familiale paisible, sans grand train, pour me consacrer à mon art et approfondir ma créativité en peinture.

A travers la nature environnante illuminée par le Saint-Esprit, et à travers l'infini de Celui-ci, j'étais en communion en Lui avec le monde céleste. La lumière rayonnait, semblable à celle du soleil, mais elle était transparente et, dans cette transparence, semblable à l'éclat du diamant, tous les tons de l'arc-en-ciel étaient unis. (Le rayon du soleil en atteignant la terre, rencontre l'air et l'eau et brille de toute la splendeur des couleurs de l'arc-en-ciel dans sa pureté céleste). J'étais en possession de toute ma conscience, dans la joie et la sérénité. Je n'ai ressenti aucun trouble, ni aucune velléité extatique au cours de ces trois jours et de ces trois nuits.

Le souvenir de l'apparition du Saint-Esprit a souvent encouragé et fortifié mon âme, dans les multiples périodes amères et pénibles de ma vie ultérieure, alors que je subissais le doute et l'Incompréhension.

Dans le chapitre 21 de ses révélations, mon maître bien-aimé, Saint Jean l'Evangéliste écrit : "L'Ange... m'a montré " la Jérusalem céleste qui descend du Ciel d'auprès de Dieu. Elle a la gloire de Dieu. Son éclat est semblable à celui d'une pierre précieuse, à celui du jaspe cristallin (...1O,11). Son enceinte est de jaspe, tandis que la ville est d'or pur, semblable à un cristal pur. Les fondements de l'enceinte de la ville sont ornés de toute sorte de pierres précieuses : le premier est de jaspe, le second de saphir, le troisième de calcédoine, le quatrième d'émeraude, le cinquième de sardonyx, le sixième de cornaline, le septième de chrysolithe, le huitième de béryl, le neuvième de topaze, le dixième de chrysoprase, le onzième de hyacinthe, le douzième d'améthyste. Les douze portes sont douze perles, chaque porte étant d'une seule perle. La rue de la ville est d'or pur, comme un cristal transparent. Je n'y ai pas vu de temple, car le Seigneur Dieu, le Créateur est Son temple et Son Agneau. La ville n'a besoin ni du soleil, ni de la lune pour l'éclairer, car la gloire de Dieu l'illumine et l'Agneau est son flambeau. Les peuples sauvés marcheront dans sa lumière (18-24)".

A l'époque je ne connaissais pas encore l'Apocalypse, mais lorsque j'eus lu en entier le Nouveau Testament, sept ans plus tard lors de mon admission à l'Institut Saint-Serge à Paris, cette comparaison m'a frappé. Quand l'Esprit Saint m'est apparu, j'ignorais l'existence du bienheureux Seraphim. Le récit de sa vie et l'apparition de l'Esprit Saint à Motovilov par son intercession, je ne les ai découverts que bien plus tard, neuf ans après.

Et ce n'est encore que 4 ans plus tard que j'ai compris que c'est également par ses prières que l'Esprit Saint m'a visité et m'a appelé au monachisme. Ce fut lorsque j'eus reçu la tonsure et que le nom de Seraphim m'eût été donné, faisant du saint staretz de Sarov mon second patron, après Saint Vladimir. Et le saint moine Seraphim m'assiste dans la célébration du saint culte dans l'Eglise de Dieu par l'inspiration du Saint-Esprit.

Avant le début de la seconde guerre mondiale, au printemps de 1939, j'ai été ordonné hiéromoine. Après les vigiles de la semaine des Saints Pères du Premier Concile Universel, lorsque l'on fêtait la mémoire du Saint Apôtre Jean l'Evangéliste et de Saint Arsène le Grand, c'est-à-dire le 20 mai, le recteur de l'Eglise de la Trinité du Patriarcat de Moscou à Paris le révérent archimandrite Athanase (Netchaev) m'a tonsuré et m'a donné le nom de Seraphim. Le grand saint de la Russie, accompli dans l'Esprit Saint, est devenu ainsi mon protecteur et mon guide.

J'étais heureux. L'ineffable et doux amour du Christ m'emplissait ainsi que tout ce qui m'entourait et Il ne me quitta pas .tout au long des trois jours et des quatre nuits que je passai dans l'église.

Le jour de la Sainte Trinité, dans l'église de l'Annonciation de Kaunas, le métropolite Eleuthère (Bogoyavlenski) m’a ordonné hiéromoine. La plénitude de l'amour du Christ était si universellement présente que rien de plus ne m'a été révélé au cours de la chirotonie. Je pense que ce don m'a été fait par les prières du staretz Silouane déjà défunt du Mont Athos.

Pendant plus de 10 ans j'ai vu le Christ dans tous les êtres. Au cours des premières années je Le voyais dans chacun.
C'était quelque chose de bon, de lumineux. Chez ceux qui Lui étaient particulièrement proches, Il rayonnait plus ou moins fort, parfois de façon aveuglante. Cela remplissait mon âme d'une joie indicible, me confortait dans ma vocation pastorale. C'est alors que j'ai compris ce que signifie dans l'acathiste "Jésus le délectable" et avec quelle sagesse Dieu a créé l'homme à Sa ressemblance et à. Son image. Les révélations faites à mon âme l'ont été dans le sens inverse à celui du symbole de la foi ou de la glorification : Père, Fils et Saint-Esprit. Ce n'est que bien plus tard que le Père Céleste s'est révélé à moi, spirituellement dans toute Sa force et dans toute Sa gloire.

Néanmoins, simultanément et tout particulièrement après avoir reçu les dons sublimes de Dieu, les épreuves externes et internes ont commencé à croître, à s'amplifier, atteignant un tel degré de souffrance spirituelle qu'il est impossible de le décrire. Celui dont l'esprit a longtemps séjourné en enfer avec les démons, celui-là peut comprendre. Après les célestes et lumineuses révélations de l'Esprit, l'âme découvre le gouffre insondable de sa chute devant Dieu, l'immensité et la multitude de ses péchés engendrés par un égoïsme aveugle, leur force épouvantable et leur noirceur vous entraînant en plein enfer. "La nuit sans lune du péché" du grand Canon de pénitence. Et pour obtenir lentement et douloureusement sa purification, l'âme sombre en enfer en compagnie des esprits déchus. Le saint archimandrite Sophrony (Sakarov), qui a passé plus de 20 ans sur la Sainte Montagne de i'Athos et ses dernières années comme anachorète dans le désert de Karylie, écrit dans son livre sur le saint moine Silouane qu'au Mont Athos, on connaît trois formes de progression spirituelle. La révélation de la béatitude, l'illumination par la lumière divine peuvent se produire soit au début, soit au milieu, soit à la fin du chemin. Lorsque c'est au bout de la route, ce sont comme des fiançailles, le prix d'une vie vertueuse. La voie la plus pénible, la plus éprouvante est celle de la révélation au début de la vie spirituelle. Et plus la béatitude de l'appel à la vertu est lumineuse et enrichissante, plus les épreuves qui lui succèdent sont douloureuses. Le staretz Silouane, auquel l'amour du christ fut révélé par l'apparition du Sauveur lui-même dans la puissance du Saint-Esprit au début de sa vie, a passé toute celle-ci dans l'épreuve et dans le souvenir déchirant de cet amour comme du paradis perdu. Il se tenait en enfer. Au milieu du parcours, la révélation est déjà plus facile car les années d'épreuves sont moins, nombreuses. Tandis que celui auquel le Seigneur se révèle dans Sa plénitude - pour autant qu'il puisse Le supporter - juste avant la mort, celui-là s'en va dans la joie vers la vie de l'esprit. Dans mon inexpérience, ma naïveté de novice, je priais ardemment devant la Crucifixion qu'il me soit donné une vie d'anachorète et de martyr. Je l'ai obtenue au-delà de toute mesure, au-delà de mon attente la plus ardente. A Zürich, qui est pourtant une ville d'un million d'habitants, compte tenu de la périphérie, je me sentais si seul qu'il est impossible de le dire. Et cela, tout en étant entouré de bons amis. Je n'osais confier à personne ce que je vivais, cet enfer sans fond, noir et rempli d'horreur. Cette pénitence dans le désespoir, le doute, dans les tourments insondables de l'âme. Nos maîtres parisiens ne pouvaient me venir en aide car, m'expliquaient-ils, ils n’avaient pas vécu d'expérience analogue. Un fil bien ténu me liait encore au Sauveur sans pour autant alléger mes souffrances. Cela a duré des mois, des années ! Mon âme sait que je suis perdu, les démons me l'inculquent : « Tu es entièrement et pour l'éternité en notre pouvoir ! ». Et c'est avec des hurlements muets et désespérés que mon âme crie jour et nuit vers le Christ : « Ne livre pas aux fauves, Seigneur, l'âme qui te confesse ! ». Le Seigneur entend, imperceptible, invisible. Il connaît les temps pour notre salut, pour le rachat de nos péchés. "Par la patience sauvez vos âmes. Glorifiez-vous d'entrer par la porte étroite"

«Du fond de l'abîme je crie vers Toi, Seigneur ! Seigneur, entends ma voix !».
A la demande de quelques amis j'ai commencé à rédiger la biographie de ma voie spirituelle et des multiples évènements qui l'ont enrichie. J'y relate en détail ce qui a constitué les différentes étapes de ce combat. Dans la présente lettre je ne rapporte que l'aspect le plus lumineux, le plus affreux je ne le raconte pas.

Notre petite église de Zürich est consacrée à la Résurrection du Christ. Dans l'entrée, on peut y voir une grande fresque qui est mon oeuvre. L'apparition du Ressuscité à Marie de Magdala Dans le sanctuaire il y a une icône de la descente du Christ aux Enfers, c'est également moi qui l'ai peinte.

Je prépare, à Zürich, une exposition des travaux que j'ai exécutés au cours des 20 dernières années. Je me suis efforcé d'y annoncer, par la couleur des peintures, la joie de la Résurrection, de la Transfiguration, de la Déification. Il est pratiquement impossible de rendre, par les formes et les couleurs de ce monde, l'expérience céleste vécue. Mais l'effort que je fais là pourra peut-être venir en aide aux âmes qui cherchent la lumière divine.

Mon protecteur céleste, mon saint ami le staretz réjouissait chacun et saluait tous ceux qui lui rendaient visite par : « Christ est ressuscité ! », ou bien « Ma joie ! » , ou bien « Votre amour en Dieu ! ». Selon ce que disait le défunt archevêque Nicolas (Vélimirovitch), le staretz Silouane bonifiait chacun par son amour du Christ.

Dieu aime tout le monde, chaque homme est créé à Son image et Il veut que chacun soit sauvé. Sa présence, invisible, est dans tout l'univers. Le Saint-Esprit vivifie chaque âme et celle-ci est initiée aux Saints Mystères en l'unité de la Trinité.

Chaque homme porte la croix de sa vie. C'est par la Croix que passe le chemin de la Résurrection.

A la Sainte Trinité, gloire et reconnaissance pour tout ! Seraphim, Evêque de Zürich en Suisse Novembre 1976

Traduit du russe par Nadine Reznikov


 
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